Votre magazine Avant-Goût de l’hiver

du hasard : « Les agrumes ont évolué pen- dant des millions d’années avant que les humains ne les cultivent, expliquent Franck Curk et François Luro dans Le Grand Mezzé 1 . Avant la révolution néolithique,nous n’étions que des disséminateurs involontaires de graines. Les plantes se modifiaient alors, sans l’intervention dirigée des humains, par des croisements sexués, des mutations, des migrations de semences, ainsi que par l’isolement géographique de populations d’individus se multipliant sans l’influence d’autres populations hétérogènes. » De toutes ces épousailles fruitières,nous devons retenir une grande distinction, celle entre les oranges douces ( Citrus sinensis ) et les oranges amères ( Citrus aurantium ), fruit du bigaradier. Elles ont beau être orange 68 Avant- Goût UN PEU D’HISTOIRE... L’orange toutes les deux, elles appartiennent à des espèces différentes mais qui renvoient en- core et toujours au continent asiatique. « Des arbres sauvages auraient été domestiqués au nord de la Chine (vers 2200 av. J.-C.) et faisaient l’objet de sélections pour des usages différents : les douces étaient des- tinées à la fabrication d’un vin, les amères à une conservation dans du miel selon un mélange doux-amer qui perdure en Chine », écrit Henri Joannet dans son très éclairant Petit Traité savant des agrumes, oranges, citrons de Menton et d’ailleurs 2 où l’on apprend encore qu’à l’époque la consommation était réservée à l’empereur de Chine : « Lorsque la culture progressa, le souverain attacha un droit à sa consomma- tion.Confucius fait référence à l’orange entre Ci-dessous : l’un des douze travaux d’Hercule fut d’aller cueillir des « pommes d’or », les oranges, sur un arbre gardé par un dragon. Ici dans le jardin des Hespérides. Tableau de Walter Crane (1845-1915). À droite, en haut : fresque retrouvée à Pompéi. À droite, en bas : cueillette d’oranges amères (gravure du XIV e siècle). © Erich Lessing/akg-images © Alinari/Roger-Viollet © Lebrecht History/Bridgeman Images