Magazine Avant-Goût
apogée, le chasselas de Thomery produit plus de 800 tonnes sur 150 hectares.À cette époque, il est livré jusqu’au ventre de Paris (les Halles chères à Émile Zola) par voie flu- viale sur de petits bateaux à fond plat appe- lés « margotats », explique Serge Schall qui raconte aussi qu’il « est vendu dans toute la France, comme produit de luxe, et à l’étran- ger jusqu’à la cour de Russie». Pécuchet, le comparse de Bouvard (dans le roman épo- nyme de Gustave Flaubert), signale qu’« à Saint-Pétersbourg, pendant l’hiver, on paye le raisin un napoléon la grappe ! ». Sous Louis XIV (1638-1715),on faisait venir aux tables royales les raisins du Midi dans des caisses garnies de son.À cette époque, le poète Jean de La Fontaine (1621-1695), le mal-aimé deVersailles, écrit « Le renard et les raisins »,une fable où le goupil affamé et incapable d’atteindre une grappe décide de la mépriser. L’écrivain gastronome Alexandre Dumas (1802-1870) est intarissable sur le raisin dans son Grand dictionnaire de cuisine . Il loue « le chasselas de Fontainebleau qui vient en pre- mière ligne, le gros corinthe et le chasselas noir qui viennent après,et quelques muscats, tels que celui de Frontignan, le muscat hâtif du Piémont, celui de Rivesaltes, le rouge de corail, le gros muscat noir, le violet de Gas- cogne et le passe-musqué d’Italie. Il y a aussi le gros muscat long et violet de l’espèce de 68 Avant- Goût Cueillette de grappes et fabrication du vin. Tombe de Nakht, en Égypte. Collection du Musée égyptien au Caire. Ci-contre, sarcophage romain (III e siècle) : les Amours vendangeurs. À droite, page d’un livre médiéval sur la santé. XIV e siècle. UN PEU D’HISTOIRE... Le raisin © Gianni Dagli Orti/Aurimages © Heritage Image /Aurimages © Österreichische Nationalbibliothek
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